De janvier à mars 2019, dans le cadre du grand débat national lancé par Emmanuel Macron à la suite du surgissement des gilets jaunes, des cahiers de doléances avaient été installés dans les mairies. Deux ans plus tard, nous avons retrouvé les cahiers de doléances du Maine-et-Loire, entreposés aux archives départementales, dans 18 boîtes bien rangées sur une étagère.
Un article à ce sujet est à retrouver dans le numéro 6 de La Topette, actuellement en kiosques.
Parce qu’on estime que ces cahiers sont d’une grande richesse et qu’ils dressent en filigrane un portrait du pays, parce que les problématiques soulevées restent tout à fait actuelles, parce que nous ne souhaitons pas que toutes ces contributions, pour lesquelles des citoyens que l’on entend trop rarement se sont donné du mal, finissent aux oubliettes, nous en publions des extraits choisis ici. N’hésitez pas à les partager.
illustrations : Marie Leroy pour La Topette.
« J’ai 65 ans. Je reçois 549 euros par mois de retraite, mon mari 1100, nous avons donc 1700 euros. Notre maison nous appartient et nous avons un peu d’argent d’avance. Donc tout va bien pour nous. Mais ça me rend malade de voir des jeunes galérer en usine, au détriment de leur santé, de leur épanouissement, et souvent de leur vie de famille. On a sacrifié le côté humain au profit de la rentabilité. Le travail d’usine (où on répète toujours les mêmes gestes) ne devrait plus exister, il faut revenir aux ateliers plus humains (et aux petits commerces). Sur une semaine, on passe beaucoup de temps au travail. C’est dramatique si on y est vraiment mal… J’ai l’impression que notre société ne cultive pas le bonheur.”
“Revenu mensuel net : environ 1400 euros. Quatre bouches à nourrir tous les jours de l’année. Un loyer de 350 euros (habitation à loyer modéré) plus toutes les charges allant avec ce logement = le tout 600 euros, ainsi que la taxe d’habitation. Deux très vieilles voitures, que j’entretiens régulièrement et même plus, puisque le durcissement du contrôle technique les recale pour des détails, à chaque passage, donc obligation de réparer pour pouvoir rouler, l’essence et ses taxes, pour aller travailler sur Angers tous les jours. Vu le prix des voitures neuves, le choix de renoncer à un achat est vite fait. Aucun loisir payant, sauf un ciné de temps en temps, le C.E. aidant en cela. Les vacances se résument juste à une semaine en Vendée, pas d’extra, rien. Les allocations familiales et une prime d’activité viennent un peu compléter ce salaire, mais insuffisamment, puisqu’avec les taxes de toutes sortes, le coût de la nourriture ainsi que le coût de la vie en général, la TVA, les assurances et j’en oublie certainement, la ligne rouge du compte courant est vite en vue, ce qui oblige souvent à puiser dans le livret A pour manger et vivre, et acheter ce que l’on peut dans les vides greniers. Mais un jour, les solutions de secours seront vides et là, comment fera-t-on ?
Nous sommes de nature discrète, nous avons laissé ce récit sur le cahier de doléances pour faire part à M. Macron qu’à Brain-sur-l’Authion, avec un faible revenu, une famille modeste a beaucoup de mal à vivre correctement et boucler les fins de mois sereinement.” – Brain-sur-l’Authion
“J’aimerais avoir un droit à l’information, c’est-à-dire avoir une presse libre, détenue par les journalistes et non pas aux mains d’actionnaires. Et surtout, il faut une émission politique/sociétale télévisuelle en direct sur une chaîne nationale à une heure de grande écoute.” – Frédéric, Chalonnes
“Le peuple français attend d’un chef d’État qu’il soit intelligent, honnête et humain. Au lieu de cela, nous avons affaire à un homme méprisant, qui défend ses ambitions personnelles et celles de ses “amis” et nous nous apercevons que la “Nouvelle France” dont il rêvait n’est qu’un retour à l’état de toute puissance des Seigneurs sur leurs serfs.” – “Une « Gauloise » qui n’est plus fière de l’être”
“Je ne comprends pas cette haine, cette détestation envers un homme. Macron est à la politique ce que Pelé est au foot, ce que Mohamed Ali est à la boxe. Nous avons enfin un vrai homme d’État, sérieux et intelligent. … Ah ! Les petites phrases du président : les Français sont devenus trop sensibles. On ne peut plus rien dire.” – Angers
“Mon mari et moi gagnons 1000 euros chacun. Nous avons travaillé pendant 46 années. Vous savez, c’est très dur pour nous en fin de mois. Nous sommes à découvert de 600 euros. Nous avons l’impression d’être délaissés. Je suis très en colère. Est-ce normal, à 73 ans et 75 ans, d’aider un parent en maison de retraite et un fils qui a une allocation d’handicapé (ce n’est pas avec 692 euros qu’il peut vivre) ? Monsieur, cela me fait mal au cœur de voir notre fils aller aux Restos du Cœur.” – Beaufort-en-Vallée
“Cher président, chère députée ancienne maire de Chalonnes, je vis en couple, nous sommes ouvriers avec un enfant, nous sommes à découvert de plus en plus tôt dans le mois, nos salaires ne suivent pas l’inflation, nous n’avons pas le droit à l’aide au logement, ni à la prime d’activité, ni au chèque énergie, pas de chèques vacances, pas de chèques restaurants, RIEN. Nous vous avons écouté lors des débats récemment, que de belles promesses pour les classes moyennes, mais en réalité, il n’y a RIEN. La violence est là à la base, nous ne demandons rien de plus que de pouvoir vivre de nos salaires et dignement. La violence est dans l’injustice sociale. Les différences sont trop grandes – serrez vous la ceinture avant de nous faire la morale.
L’écologie, OUI mais pas sur nous en premier, STOP à la hausse des carburants, de l’électricité… OUI pour que les industriels arrêtent de surenvelopper nos achats dans trois couches de plastique, OUI à l’arrêt du glyphosate.
GAZÉS par les forces de l’ordre pour la première fois à Angers le 19/01/2019, STOP à la violence policière qui gaze même des innocents (enfants qui ne manifestaient pas)
Bougez vous pour un avenir meilleur !” – Chalonnes
“de la simplicité, du bonheur, de l’écoute, de la dignité, retisser du lien social, de la proximité, arrêter de fabriquer des consommateurs écervelés.”
“Toute personne candidate à un mandat de député ou de sénateur doit avoir une expérience d’un mandat complet en tant que maire d’une petite localité/commune de moins de 2000 habitants ou en tant que conseiller/adjoint municipal d’une commune de plus de 2000 habitants, dans les dix ans précédant sa candidature. Le cumul restera possible (la loi sur le non-cumul maire + élu est une grave erreur)” – Jean, Briollay
“Messieurs les décideurs,
Mon mari et moi-même sommes retraités et nos retraites mensuelles sont de 3000 euros pour nous deux. Mon mari est en Ehpad privé et le coût mensuel de celui-ci est de 3300 euros. Ce n’est pas seulement le coût, très important, qui me soucie le plus. Si l’Ehpad où il est hébergé est très cher, mais son suivi est parfait, c’est parce que des Ehpad publics ou privés, moins onéreux, ont refusé de le recevoir. Motif : personne très dépendante avec de multiples pathologies.
Aussi, il serait urgent de créer des lieux d’accueil publics pour ces personnes très dépendantes.
En effet, compte tenu de la population vieillissante, que l’on incite à rester à domicile le plus longtemps possible, lorsqu’ils devront entrer en institution, leur dépendance sera trop importante et les Ehpad actuels ne les accueillent pas.” – Angers
“Vive les métiers de services et du commerce. Une retraitée remplie d’amertume et d’angoisse à l’idée qu’un jour mes enfants devront supporter les factures d’Ehpad si je n’ai pas le courage de choisir le jour de mon départ. Une retraitée qui a eu le “goût de l’effort” et qui n’est rien à vos yeux.” – Une coiffeuse retraitée, Angers
“Des efforts, vous devriez en demander à Madame Brigitte Macron qui s’offre un service en porcelaine de Sèvres de combien de pièces ? On ne sait pas ! Je suppose qu’à l’Elysée, il ne doit pas manquer de services. On se demande de qui on se moque ?
Quant à la salle de réception rénovée par vos soins et la deuxième qui suit, vous ne croyez pas que vous auriez pu attendre un peu pour en avoir les moyens ! … J’ai voté pour vous ainsi que mon époux et si on avait su, “jamais !”. Au lieu d’être en campagne européenne, recevez donc les GJ pour les écouter et nous payer comme on le mérite au lieu de payer tous ces dividendes aux actionnaires, ce serait enfin une justice.” – Un retraité, Angers
“Les médias ne doivent plus être à la solde du gouvernement, des patrons de presse ou des bobos parisiens” – Beaucouzé
“Je suis GJ. Cela fait 52 jours que nous sommes dans la rue pour manifester et dénoncer ce système injuste, liberticide et de servitude… Après 52 jours, je suis chaque jour un peu plus fier de nous et d’être Français. Car je n’arrive plus à vivre dans ce système complètement corrompu où une minorité obtient tout en toute impunité et que la majorité de la population n’a que des miettes… Face à la violence de cette vie, de vos gouvernements et de vos forces de l’ordre que vous envoyez pour nous faire taire, je reste digne et ne céderai pas à la violence. Mais je continuerai à être sur le terrain, à dénoncer vos agissements jusqu’à ce que nos revendications soient entendues et appliquées…
Dernier point, concernant l’impact sur l’économie. Nous allons aller bien plus loin que ce qui s’est passé sur cette fin d’année 2018 car, comme moi je le fais depuis des années, d’autres vont changer leurs habitudes de vie et nous allons agir tous ensemble, pour ne plus permettre à toutes ces grandes entreprises et ces grandes fortunes de voler l’argent du peuple par l’évasion et la fraude fiscale. Nous allons privilégier les petits commerçants, les circuits courts, ne plus utiliser les services ou produits reconnus pour leur nocivité aussi bien pour l’environnement que pour notre santé, que pour l’emploi.” – Thierry, Marcé
“Que ce cahier serve à quelque chose !” – Erdre-en-Anjou
“Personne handicapée AAH (Allocation aux adultes handicapés, NDLR), donc 800 euros et quelques. On paye le foyer entre 300 et 400 euros, voire plus, s’il y a des sorties organisées. Les protections jour et nuit (4 par jour et une par nuit), ce qui fait 35 couches par semaine -> 140 couches par mois, le budget va jusqu’à plus de 200 euros. Coiffeur avec teinture à 60 euros par mois. Il faut avancer les frais médicaux et payer les médicaments non remboursés. C’est trop juste financièrement. Il faudrait 200 euros de plus par mois. Les personnes handicapées ont plus de besoins.”
“J’habite à Villemolle, petit village oublié par Saumur. Aucun bus (dans la journée), aucun commerce, même ambulant. Donc obligation de prendre mon véhicule pour toutes démarches, ce qui a un coût. De plus, étant retraitée avec une petite retraite, je n’ai pas les moyens de souscrire à une mutuelle et les lunettes et les soins dentaires sont hélas si mal remboursés par la sécurité sociale” – Saumur
“Concevoir et planifier une répartition cohérente du travail sur l’ensemble du territoire et non pas concentrer le travail uniquement dans les métropoles, avec tous les problèmes que cela engendre sur les populations.”
“Moi je suggère qu’il y ait plus de bus de Longué à Saumur, c’est trop la galère. Merci” – Longué-Jumelles
“Les Français veulent vivre de leur travail et non des aides sociales. Que le travail soit valorisé ! Toute personne travaillant doit pouvoir vivre décemment de ses revenus.” – Baugé
“Depuis la naissance de notre fils, nous réclamons pour lui un “vrai projet de vie” et non pas un “projet de placement”. En fait d’une élite qui doit tirer tout le monde vers le haut, nous voyons plutôt des élites essayant d’éliminer tous ceux qui ne rentrent pas dans le moule, nous avons l’image d’une cordée où ceux qui sont en tête font tout ce qu’il faut pour faire tomber ceux qui sont en bas… Les familles, associations, bénévoles, font un travail considérable pour suppléer aux carences de l’État, sans reconnaissance souvent (suppression des contrats aidés sans compensation, baisses des subventions) et doivent faire face à des démarches administratives compliquées. Les personnes dont nous évoquons la situation ne seront jamais des premiers de cordée. Est-ce pour cela qu’ils n’ont pas droit à la parole, au respect, à la dignité ?” – Des parents d’un jeune en situation de handicap, Angrie
“Je ne sais pas si je serai entendu par la Capitale et ce qu’il sortira des cahiers de doléances. Mais comme disait le baron de Coubertin : “l’essentiel, c’est de participer”.” – Pruillé
“Horticultrice spécialisée dans la fleur coupée, je soulève le point de la concurrence déloyale des pays de l’Union européenne, qui font couler la filière française. Productrice de roses en culture biologique, je ne peux pas m’aligner sur les prix de la Hollande. Ne devrait-on pas taxer des produits d’importations peu respectueux de l’environnement et des conditions de travail des Hommes ? Et là je parle du Kenya, Colombie, Equateur (transport avion/traite d’humains, emploi de produits toxiques sans protection…). Aucune aide à ce jour pour le parent pauvre de l’agriculture : l’horticulture.
Certes nos exploitations sont petites, mais elles font travailler des femmes et des hommes. J’ai dû me séparer de mon personnel. Trois personnes avec des familles derrière. Pas de droit au RSA, pas de droit à la prime d’activité. Et on connaît les revenus des agriculteurs !”
“Je constate avec l’expérience de mon fils depuis trois ans en apprentissage comment ces métiers sont dévalorisés. En effet, ces jeunes qui sont orientés souvent par défaut vers la voie de l’apprentissage sont souvent exploités, quand ce n’est pas humiliés voire maltraités par des patrons peu scrupuleux. À l’heure où notre président dit qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un travail, certains patrons profitent d’une main d’œuvre à bas prix (5 euros de l’heure) pour faire tourner leur boîte, c’est inadmissible !
Comment motiver des jeunes pour travailler et percevoir un revenu décent. Exemple : mon fils charcutier traiteur, en formation BP, a travaillé pendant les fêtes, plus de 70 h/semaine, pour 950 euros par mois car âgé de 18 ans. Comment vivre et rester motivé pour se lever à 5h du matin et travailler pendant 8 à 10h d’affilée pour un salaire de misère ?” – Ombrée d’Anjou
“J’habite en zone rurale, dans un village, et je suis bénéficiaire de l’allocation adulte handicapé d’un montant de 860 euros. J’ai une voiture qui n’a plus de contrôle technique depuis décembre car elle ne répondait pas aux points du nouveau contrôle technique de mai 2018. Je roule donc de façon illégale puisque je n’ai pas accès aux crédits bancaires pour financer un nouveau véhicule, vu mes faibles revenus. J’avoue aussi rouler au fioul et au pétrole quand mes finances sont au plus bas.
Je suis locataire et je ne peux pas chauffer ma maison, cela m’est financièrement impossible. De plus, j’ai une fille de 22 ans à ma charge complète, sans aucun revenu. Reconnue handicapée sans percevoir aucune allocation, elle souffre de la maladie de Lobstein (maladie des os de verre). Elle est inscrite en tant que demandeur d’emploi mais l’accès au travail lui est difficile voire impossible étant donné son handicap, qui engendre chez elle un état dépressif.
Mes faibles revenus ne permettent aucune autre dépense que l’alimentaire et les charges courantes. Malheureusement, je n’ai pas d’autres choix, pour survivre, que de faire les poubelles d’Aldi pour espérer récupérer un peu de nourriture. Aussi, je vole des vêtements pour nous habiller à peu près décemment ma fille et moi, dans les bennes de récupération d’habits. Je suis devenue malgré moi, poussée par la misère, une personne hors-la-loi, résignée à devoir piétiner mes principes et ma morale pour survivre. Quant aux soins médicaux, j’ai également renoncé à changer de lunettes et à soigner mes dents, consacrant le restant de mon budget à conduire ma fille à ses multiples rendez-vous médicaux qui ont toujours lieu à Angers.
Je ne suis même plus en colère, mais résignée face aux injustices de ce système, j’éprouve de la culpabilité et de la honte et beaucoup de ressentiment vis-à-vis du gouvernement qui m’oblige à agir ainsi, dans l’illégalité. Cette violence sociale est quotidienne. L’isolement que ce système engendre provoque un sentiment d’injustice et d’abandon.” – Segré-en-Anjou-bleu
“Je viens m’exprimer aujourd’hui pour vous dire tout ce qui a disparu à Montjean-sur-Loire. Tout d’abord nous avons perdu notre Poste, ensuite le Crédit Mutuel, puis le Crédit Agricole ainsi que notre boucherie, puis notre fleuriste, puis notre piscine et bientôt notre dépotoir. Notre commune qui était si agréable autrefois est maintenant une ville morte. Cela depuis la réunion de commune. C’est vraiment triste et nous ne comprenons pas.” – Montjean-sur-Loire
“L’État pousse les collectivités locales à se regrouper. Elles reproduisent cette même ineptie. Prenons un exemple récent : tous les ans nous organisons dans la rue une fête des voisins. Jusqu’à récemment nous allions à la mairie faire les démarches d’autorisation nécessaires deux semaines avant. Désormais, il faut remplir un formulaire (non adapté) deux mois auparavant. Nous n’avions pas de réponse la veille de l’évènement. Grâce à la bonne volonté des employés municipaux locaux (mairie déléguée), nous avons pu conserver notre fête de la rue. Quel est le gain ? Des citoyens mécontents et des employés municipaux stressés !
Les citoyens ont-ils été consultés sur cette réorganisation des communes ? Non ! Une poignée d’élus décide de tout sans demander l’avis des uns et des autres. Tout avis contraire est considéré comme résultat d’une attitude négative, non constructive. Le prétexte est que regroupés, on sera plus efficaces et plus forts.”
“Nous sommes à la campagne, peut-être, mais ce n’est pas une raison pour manquer de :
-la poste, plus souvent fermée qu’ouverte
-de faire 28 km pour aller chez le dentiste
-et 60 km pour un spécialiste (ex : dermatologue)” – Gennes-Val-de-Loire
“Madame Monsieur,
Maman d’un jeune homme de 20 ans, handicapé depuis sa naissance, je viens crier mon désarroi face à un système administratif illisible. Je dis bien illisible alors que dotée d’un diplôme bac+6, je me sens incapable. En effet, les courriers qui nous sont envoyés pour les prises en charge de mon fils sont rédigés dans un langage technico-administratif incompréhensible et sont le reflet des méandres administratifs.
Que dire à un jeune dont le projet est d’être actif dans un dispositif où il se sent bien : qu’il faut six mois pour que son dossier soit expertisé et qu’au bout de ces six mois, la réponse reçue ne prend pas compte du plan de vie qu’il a fourni ? Qu’il va falloir réécrire des courriers parce que les experts ne prennent pas le temps nécessaire (six mois !) pour lire un courrier d’une page ?!
Que dire à ce jeune qui voit ses sœurs construire un projet d’étude ou professionnel avec une liberté de choix alors que lui, à cause de son handicap, cette liberté lui est refusée ? Que lui répondre quand il vous dit “Maman, je n’en peux plus, je suis stressé par ces attentes, ces courriers, ces rendez-vous où je dois sans cesse justifier que je suis handicapé” ?
Ne me répondez pas qu’il faut s’adresser à des professionnels, c’est déjà fait.
Ma doléance : plus de lisibilité, de transparence et d’accessibilité dans l’administration et ceci passe par davantage de respect de la personne. Nous ne sommes pas des numéros de dossier que l’on soit handicapé, patient ou tout simplement citoyen !” – Beaucouzé
“Créer un ministère du bon sens, car il y en a grand besoin.” – La Ménitré
“Payer des impôts plus justes, peut-être, mais surtout en voir les effets ! En “France périphérique” (quelle expression de merde), en milieu très rural, rien ne change. Les services publics sont de pire en pire. Avant, la postière passait voir Maman, discuter gratuitement. Les transports publics n’existent pas : pour aller à la gare, il faut prendre la voiture ! Sans voiture, on ne peut rien faire ! Les hôpitaux publics suppriment des postes, faute de moyens, et c’est la qualité des soins qui en pâtit… On est dans une zone où on a un internet très lent et pour être sûr de bien capter avec son téléphone portable, mieux vaut se rapprocher d’une fenêtre voire même sortir dehors ! On est dans une zone grise !”
“Je suis une aide-soignante depuis 22 ans maintenant. Et franchement, je me demande si je dois continuer à exercer dans ces conditions-là. La personne âgée en maison de retraite n’est plus qu’un ramasse fric. Il n’y a plus de dignité de la personne ! Elles ne sont rien. Même les médecins qui viennent font des consultations à la va-vite, des auscultations dans les salons et non en privé dans leur chambre, non mais où on va là ! Comme si on nous auscultait dans la salle d’attente.
Maintenant, ce qui compte, c’est la rentabilité, et tout le reste – les soins, l’accompagnement, les activités et surtout le plus important pour eux la communication, l’écoute et prendre son temps – tout ça à ce jour n’existe plus. Je suis triste de devoir travailler ainsi. On nous fait faire de la maltraitance. Pourtant ce métier je l’aime, je l’ai choisi. Mais je me pose beaucoup de questions. Alors que faire ? Il nous faut du personnel en plus et du temps car ces personnes le méritent. Moi-même je ne veux pas vieillir dans ces conditions-là.” – “une aide soignante dans la détresse.”
“Marié et père de trois enfants. Mon épouse et moi-même travaillons dans l’industrie, avec des cycles de travail non négligeables. Nous travaillons tous les deux, en CDI, et comme beaucoup de Français nous finissons le mois dans le rouge. C’est insupportable de ne pas pouvoir vivre dignement de son travail. Comment pensez-vous que les Français voient leur avenir ? Et celui de leurs enfants ? On n’arrive même pas à économiser un peu. Comment payer des études à nos enfants ? Sont-ils déjà condamnés, eux aussi, à être victimes de ce système ?” – Saint-Léger sous Cholet